Dans les années 2000, grâce ou à cause du maire Edi RAMA, les façades des immeubles se sont couvertes de couleurs. Edi Rama est un grand amateur d'art et de peinture, il a alors décidé que pour combattre la sinistrose ambiante, due en grande partie aux années communistes, il fallait donner de la couleur à la ville.

Une de ses expressions favorites : «l'Albanie est comme une belle fille malade, mettre la couleur n'a pas guéri sa maladie mais lui a donné le courage de se battre, de sortir du lit.»

Depuis il est devenu 1er ministre mais les immeubles colorés sont toujours d'actualité, voici un petite aperçu de ces bâtiments qui seraient pour certains toutefois à rafraîchir...

Le centre de Tirana est partagé en deux par la rivière Lana, sur sa rive gauche se trouve "le Block", quartier interdit à la grande majorité de la population car réservé aux dignitaires communistes durant le règne du dictateur Enver HOXHA.

Petit retour sur  ces années de communisme qui ont fini par isoler l'Albanie du reste du monde de 1978 à 1985 date de la mort d' Hoxha. 

Enver Hoxha a régné sur l'Albanie de 1944 jusqu'à sa mort. Il est élu premier secrétaire du nouveau parti communiste albanais en 1941, dont la ligne directrice d'alors est celle de Tito. En mai 1944, il fait partie du gouvernement provisoire et commence à adopter les premières mesures pour consolider le pouvoir et il dirigera vraiment le pays à partir d'octobre 1945.  

La République Populaire d'Albanie est proclamée en janvier 1946 et sera aussitôt reconnue par la France.

Jusqu'en 1948, l'Albanie sera proche de la Yougoslavie pouvant laisser envisager une intégration de l'Albanie à la Yougoslavie. Mais lorsque Tito est banni par Moscou, Enver Hoxha se détourne de la Yougoslavie et entretient alors des relations très étroites avec l'Union Soviétique jusqu'en 1961.

L'arrivée de Kroutchev qui prône la "déstalinisation" va sonner la fin des liens avec Moscou et Hoxha se tourne alors vers la Chine avec qui il conclura une alliance officielle en 1961.

En 1967, il décrète la révolution culturelle et interdit toute religion en Albanie

Cette coopération avec la Chine cessera définitivement en 1978, suite au rapprochement de la Chine et des Etats-Unis (visite de R Nixon à Pékin en 1972) et à la mort de Mao en 1976. 

A partir de 1978, Hoxha partisan d'un communisme radical se retrouve seul et va ainsi isoler son pays. Durant toutes ces années de pouvoir il a éliminé tous ses rivaux selon des méthodes plutôt brutales en supprimant des milliers d'hommes et de femmes qui mettaient en doute sa politique. 

C'est ainsi que le "Block" à cette époque était exclusivement réservé à l'élite du communisme et Enver Hoxha y avait sa résidence. 

Parfois, le peuple était autorisé à venir dans ce quartier en empruntant l'avenue principale, un côté de l'avenue étant dédié à l'aller et l'autre côté au retour sans pouvoir s'aventurer ailleurs. 

Ce quartier qui a été rendu aux Tiranais à la mort d'Hoxha est devenu depuis, le quartier très branché de Tirana où se trouve des boutiques de luxes et de nombreux cafés restaurants et boîtes de nuit, bref le quartier le plus vivant à la nuit tombée !  

Pour commencer cette visite de la rive gauche de Tirana, la maison du despote. Impossible de la visiter, elle est en partie laissée à l'abandon et elle abrite d'un côté aujourd'hui un centre privé d'enseignement de l' anglais.  

Autre bâtiment laissé à l'abandon, la Pyramide. Elle devait à l'origine abriter un musée dédié au dictateur et son inauguration a eu lieu en 1988. Le bâtiment a été dessiné par la fille d'Hoxha et son mari tous deux architectes.

L'édifice a été tout d'abord un centre culturel international au début des années 90 puis a abrité durant la guerre du Kosovo, l'OTAN et des organisations humanitaires. 

En 2011, le gouvernement annonce la démolition de la pyramide estimant qu'il était impossible pour Tirana de conserver un tel bâtiment "hanté par le spectre du dictateur". Les projets du moment étant d'ériger à sa place un nouveau parlement. De nombreuses voix se sont élevées contre cette démolition et la pyramide est toujours là mais non entretenue elle se dégrade de jour en jour.

Aujourd'hui elle abrite encore une chaîne de télévision locale et accueille parfois des spectacles ou conférences.

Voici toute une série de photos, vous allez pouvoir constater le désintérêt total de la municipalité pour cette pyramide avec des photos prises en 2013 par Pierre à l'occasion de l'une de ses missions et celles prises en mai dernier, elle semble effectivement de plus en plus mal en point !  

En 2013, les jeunes utilisaient celle-ci comme toboggan, je n'ai rien vu de tel cette fois-ci ! En revanche, les taggs sont bien présents.

Pour terminer sur cette rive gauche, une petite série de photos sur ce quartier, à commencer par l'artère principale le boulevard des martyrs de la Nation qui se termine par la place "Nënë Teresa" où se trouve le palais présidentiel, les Universités en passant par les nombreux cafés plus ou moins branchés